Révélé par l’agence AEF, ce projet de décret prévoit en effet un retour incomplet aux règles antérieures au premier volet de la réforme, qui a durci les conditions d’ouverture des droits. Petit rappel : depuis novembre 2019, il fallait avoir travaillé six mois au cours des vingt-quatre derniers mois pour prétendre à une indemnisation, contre quatre mois au cours des vingt-huit derniers mois auparavant. De ce fait, entre novembre 2019 et février 2020, plus de 20 000 demandeurs d’emploi se sont vu refuser une ouverture de droits chaque mois, selon une estimation de l’Unédic. Or, si le retour aux quatre mois de travail est bien acté, ce sera toujours sur une base de vingt-quatre mois, et non vingt-huit. Par ailleurs, le seuil de travail permettant un rechargement des droits durant sa période de chômage passera certes de six à quatre mois, mais il n’était que d’un mois avant la réforme. «C’est quand même 10 000 personnes par mois qui verront leurs droits non rechargés et qui sortiront donc de l’indemnisation», affirme Michel Beaugas, de Force ouvrière, soulignant que «ce sont les plus précaires».
Pas de rétroactivité
Le ministère du Travail a justifié ses choix en expliquant à l’AFP «avoir pris la décision qui se rapproche le plus possible des règles antérieures et qui soit techniquement faisable par Pôle Emploi pour être le plus rapidement opérationnel pour les demandeurs d’emploi». Mais voilà de quoi jeter un doute sur la sincérité du Premier ministre, qui vantait vendredi «la qualité du dialogue […] établi» avec les syndicats. Aujourd’hui, Michel Beaugas parle d’une «douche froide», quand Denis Gravouil évoque «un premier accroc dans la parole très franche de Jean Castex». Et le responsable cégétiste de prévenir : «La prochaine réunion sur l’assurance chômage, en septembre, risque de voir les syndicats arriver assez énervés.»
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